Amitiés Littéraires

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Roman : Espoir dans le noir - 1 - Dix-huit ans plus tôt

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Dix-huit ans plus tôt

 

Basile a passé toute son enfance aux côtés de ses amis Eugénie,  Gustave et Marie-Louise. Grâce à leur père, le comte Charles-Henri d’Artuis, il a bénéficié du même précepteur. le comte a eu pitié de lui à sa naissance, sa mère était décédée en couche, alors qu’elle était venue livrer le pain au château comme elle avait l’habitude de le faire depuis de nombreuses années. Elle s’était évanouie et dans sa chute elle avait perdu les eaux. Le maître des lieux n’avait pas voulu la laisser repartir et avait fait appeler le médecin de famille et son époux, le boulanger. L’enfant se présentait très mal et c’était beaucoup trop tôt.

 

Le père de Basile et sa maman avaient attendu presque dix ans avant de voir leur famille espérer s’agrandir. Lui avait quarante-cinq ans et elle trente ans. C’était un miracle de la vie qui leur avait été offert. Ils ne l’espéraient plus. Et depuis, tout s’était bien passé. A aucun moment la mère de Basile ne s’était sentie mal, bien au contraire, elle ne s’était jamais aussi bien portée.

 

Son père travaillait du soir au matin puis sa maman toute la matinée s’activait pour vendre et livrer le pain que son époux faisait chaque nuit avec amour. Vers une heure de l’après-midi, le boulanger se levait et  durant quelques heures, ils profitaient d’être ensemble. Ils formaient un très beau couple. Tous les hommes de la région l’enviaient. Il était devenu une personne que l’on écoutait. Souvent il avait été sollicité pour rejoindre le conseil municipal dont Charles-Henri d’Artuis était  le maire. Il avait failli accepter juste avant l’annonce de la grossesse de sa femme. Puis il s’était ravisé prétextant que sa charge de travail était déjà importante et qu’il ne voulait pas délaisser encore plus son épouse. Il était les bras, elle était la tête, il faisait le pain, elle faisait les comptes. Ils formaient une équipe formidable. Il était fort comme un turc, elle était une petite chose fragile bien que très résistante.

 

Toutefois à la suite de sa chute, elle perdit beaucoup de sang et le médecin annonça qu’il ne pourrait pas sauver la mère et l’enfant. Le mari voulait sauver sa femme. Tout fut fait dans ce sens. L’enfant à sept mois à peine ne serait sans doute pas viable de toutes les façons. Le médecin décida de provoquer l’accouchement. L’attente fut si longue que cette nuit-là le boulanger ne fit pas de pain. Le lendemain matin l’annonce tomba, la mère de l’enfant n’avait pas survécu et l’enfant était lui-même entre la vie et la mort.

 

Le comte fut terriblement abattu par la nouvelle en apparence bien plus que le mari lui-même qui durant sept jours et sept nuits disparut totalement, ne donnant aucun signe de vie à qui que ce soit. L’enfant de huit cents grammes à peine fut confié à une nourrice. Durant cette période il ne fut pas déclaré à l’état civil, aucun prénom ne lui fut attribué. Passé ce délai et grâce aux harcèlement soutenu et énergique du comte auprès de son ami, le mari sortit enfin de son état cataleptique pour se décider à enterrer son épouse. Il n’interrogea personne à propos de l’enfant qui contre toute attente avait décidé de se battre pour survivre. Le père ne voulant rien entendre, ce fut le comte qui se décida à déclarer l’enfant et a lui attribuer les prénoms de Basile, prénom de son grand-père paternel, Jean, Marie étant les prénoms respectifs de ses parents. Le nourrisson fut confié pour une durée indéterminée à sa nourrice. Tous les frais furent supportés par le comte qui savait combien il était difficile de reprendre le cours de sa vie après le décès de sa femme. Lui-même avait vécu ces mêmes épreuves après la naissance de son aîné Gustave. Par chance la mère n’était pas morte en couches et avait pu connaître son enfant. Mais alors que celui-ci avait à peine deux ans, la mère avait eu un rhume de poitrine qui l’avait emportée en moins de deux semaines. Le comte avait lui aussi vu sa vie exploser et sans l’aide de sa belle-sœur, il n’aurait pas repris pied. Jamais il n’avait imaginé pouvoir refaire surface aussi rapidement. La sœur de son épouse de dix ans sa cadette voyant le désespoir de son beau-frère avait spontanément proposé ses services aux parents de Charles-Henri qui avaient soutenu son geste. Son dévouement et l’amour qu’elle déployait auprès de Gustave avait fini par séduire le comte qui un an presque jour pour jour avait épousé Marie-Elise avec qui par la suite il avait eu deux filles dont Marie-Louise née deux ans avant Basile puis six mois après Eugénie avait vu le jour. C’est ainsi que tout naturellement et comme elle l’avait fait pour Gustave, elle s’était prise d’affection pour le petit Basile qui ne demandait qu’à être aimé.

 

Durant près de deux ans elle lui avait prodigué autant d’amour qu’elle avait pu. Mais le jour où il commença à parler imitant ceux qu’il considérait légitiment comme son frère et ses sœurs, il utilisa un mot en s’adressant à Marie-Elise qui pouvait signifier « maman ». Le comte était présent. Ce fut à cet instant précis qu’il se décida à parler à son ami Jean, le père de Basile. Il lui dirait ce qu’il avait sur le cœur depuis deux ans, qu’il devait faire son deuil et reprendre une épouse qui l’aiderait à la boulangerie et élèverait son fils et lui donnerait d’autres enfants.

 

Jean savait que cette situation n’avait que trop duré. Basile souffrirait suffisamment de ne pas avoir connu sa mère, il ne devait pas lui infliger en plus la douleur de ne pas être reconnu par son père. Jean prit des dispositions dans ce sens et se décida à épouser Ameline, une jeune femme de vingt ans sa cadette qui après le décès de son épouse s’était occupé de faire tourner la boulangerie. C’était la cousine de sa défunte femme.

 

Le comte fut heureux de cette décision et s’engagea à pouvoir à l’éducation de Basile jusqu’à sa majorité puisqu’il faisait déjà presque partie de la famille. Tous validèrent ce qui fut dit et c’est ainsi que Basile, Gustave, Marie-Louise et Eugénie grandirent ensemble.

 

 




30/03/2019
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